L’échec recyclé en propagande, comme ton ex qui recycle ses mensonges

Dimanche 6 avril, place Vauban à Paris. Le Rassemblement national organise un rassemblement en soutien à Marine Le Pen, fraîchement condamnée à cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics. Les slogans pleuvent : “Justice corrompue”, “Complot d’État”, “Dictature judiciaire”. Jordan Bardella parle de “tyrannie des juges”, Éric Ciotti de “chausses-trappes” posées par “le système”. Le tout sous les applaudissements d’une foule baignant dans les drapeaux tricolores, bien que largement en-deçà des chiffres annoncés.

La vraie propagande, ce n’est pas quand on te ment. C’est quand tu ne remets plus aucun narratif en question.

Arnaud Baudet – Epic Fail

Mais ce qu’on a vu ce jour-là n’est pas seulement une manifestation politique. C’est la mise en scène d’un narratif d’échec détourné. Un cas d’école de propagande moderne.

Les figures politiques ont toujours su transformer une défaite en tremplin. Dans le contexte actuel, l’échec ne signifie plus recul ou retrait. Il devient un levier stratégique.

Pour que cela fonctionne, encore faut-il savoir raconter la chute.

Le récit d’échec fonctionne car il s’adresse directement aux émotions. Il joue sur le sentiment d’injustice, le rejet des élites et la frustration collective. Il ne dit pas “j’ai fauté”, il affirme : “on m’a empêché de réussir”.

En France, où la défiance envers les institutions est profonde, ce type de discours ne peut que séduire.

CYRIL BITTON POUR « LE MONDE » (6 avril 2025)

Condamnée pour un système d’emplois fictifs, Marine Le Pen a vu les faits s’accumuler sur plus de douze ans. Les faits étaient graves, bien documentés, et s’étendaient sur plus de douze ans. La juge Bénédicte de Perthuis a justifié la peine par la gravité des infractions, leur durée, ainsi que la responsabilité des personnes mises en cause.

Mais très vite, un autre récit a émergé. Le RN a parlé d’une justice aux ordres. Les partisans ont hurlé au déni de démocratie. Le hashtag #sauvonslademocratie s’est propagé sur les réseaux sociaux.

En quelques jours, l’échec judiciaire a été présenté comme une persécution politique. L’accusée est apparue comme une figure sacrificielle, se disant prête à tout pour résister.

Ce type de retournement narratif ne constitue pas un cas isolé.

Par exemple, Donald Trump, par exemple, a transformé sa défaite électorale de 2020 en croisade contre un système présenté comme truqué.

Recep Tayyip Erdogan, en Turquie, s’est renforcé à chaque fois que son autorité était contestée.

Viktor Orban, en Hongrie, alimente une opposition de façade avec Bruxelles pour légitimer sa politique autoritaire.

De son côté, Giorgia Meloni, en Italie, manie à la perfection le discours de l’outsider face aux prétendues “puissances installées”.

Leur point commun ?
➔   susciter le ressentiment
➔   se poser en victimes d’un ordre injuste
➔   créer une opposition binaire : “eux contre nous”
➔   légitimer le pouvoir par l’émotion, pas par la loi

La frustration représente une ressource politique puissante. Une fois activée, elle permet de fédérer autour d’un ennemi désigné.

Le discours devient simple : “on” vous empêche de vous exprimer, “ils” vous volent votre voix, et “la justice” ne vous protège plus.

Dans cette configuration, les faits passent au second plan. Ce qui compte, c’est l’impact émotionnel. Ainsi, l’échec judiciaire n’est plus assumé. Il se transforme en bannière, en outil de clivage et de propulsion.

La propagande moderne ne se limite pas au mensonge. Elle prospère surtout là où le doute disparaît. Lorsqu’un récit est répété avec assez d’émotion et de certitude, les faits cessent d’être interrogés.

Dans ce contexte, le message passe car il conforte. Il se répète car il rassure.

C’est précisément là que réside le danger. Lorsqu’on ne doute plus, on peut croire n’importe quoi. Et croire sans réserve, c’est déjà cesser de penser.

Chez Epic Fail, nous ne sacralisons pas l’échec. Nous l’analysons.

Nous refusons les récits faciles et les simplifications qui masquent les responsabilités.

Un échec assumé peut devenir une base de progression. Mais lorsqu’il est maquillé pour servir une stratégie d’influence, il devient toxique.

C’est pourquoi nous explorons ces récits avec attention. Nous les déconstruisons. Nous montrons comment l’échec peut être manipulé, mais aussi comment il peut être repris en main.

Ce qui s’est produit le 6 avril ne relève pas d’un simple fait divers.

C’est un signal fort. Le récit d’échec est aujourd’hui utilisé comme une arme de conquête et de propagande.

Dans mon prochain article, j’analyserai le cas Donald Trump.

Comment a-t-il transformé sa défaite en socle politique ? Quelle est la place du récit dans sa stratégie ? De quelle manière son exemple inspire-t-il d’autres figures politiques dans le monde ?

Aujourd’hui, l’échec ne freine plus les ambitions. Il les propulse. Et si l’on ne questionne pas son utilisation, c’est la vérité elle-même qui, un jour, sera recyclée.

Et surtout, n’oublie jamais :

On tombe pour apprendre.
On partage pour avancer.
On écoute pour grandir. 🌱

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